2023 – Hommage à Jean-Paul PARIS

En mémoire de… Jean-Paul Paris, Champion cycliste

Un allairien, Jean-Paul Paris, Champion de France cycliste en 1964 à Coutances

C’est dans la catégorie des Indépendants, l’antichambre d’alors du peloton cycliste professionnel, que le Breton Jean-Paul Paris enlève, à 22 ans, le titre de Champion de France le vendredi 17 juillet 1964 à Coutances (50). 170 km en 4h32mn58sec., soit une moyenne de 37.360km. Il devance deux coursiers membres de la même équipe, pourtant coriaces : Sénicourt (Flandres, 2è) et Huiard (Normandie, 3è). C’est à quelques centaines de mètres de la ligne d’arrivée que Jean-Paul a produit un démarrage brutal ; ses deux concurrents avec lesquels il s’était échappé dans le final n’ont plus revu son pédalier.

Ce titre est le couronnement d’un parcours solide et tenace, entamé en 1959, année de ses premières courses chez les Amateurs. En 1962, le jour de ses vingt ans (et de la Saint Jean) il cueille déjà, devant Désiré Letort, le titre de Champion de Bretagne, au Tréhou (29), au pied des Monts-d’Arrée. Le jeune allairien a tracé sa route en gagnant depuis 1959, 4 à 10 courses par an, tout en se classant aussi de très nombreuses fois aux places d’honneur. Jean-Paul ne fait jamais de la figuration. C’est sûrement l’allairien le plus célèbre : à la belle saison, son nom hante toutes les semaines les colonnes des journaux, locaux, régionaux, plus tard nationaux…

Durant ces années, Jean-Paul se distingue aussi dans la contrée et gagne dans de nombreuses communes : Allaire (2 fois), Béganne (2 fois), Chateaugiron, La Vraie-Croix, Le Guerno, Orvault, Plumelec, Rieux, Saint-Just, Saffré, Sarzeau, Sérent, Sixt-sur-Aff, Redon, etc. etc.

Véloce, ses qualités de sprinteur sont reconnues, même si c’est aussi un redoutable puncheur et qu’il glane quelques succès en contre-la-montre ; quelques semaines avant le Championnat de France de 1964 il gagne d’ailleurs, au sprint, deux étapes d’une épreuve relevée « Les 8 Jours J », parrainée par Europe n°1, de Rennes à Limoges, via Caen, Le Mans, Tours, La Rochelle. Il enlève au passage le Maillot Vert de l’épreuve et la 4ème place du Classement général… Et que dire du Grand Prix de Meslan (56), cette même année, où Jean-Paul s’échappe seul et met son suivant le plus immédiat à… plus de 7 minutes… ! 1964 : l’année de tous les exploits…

Jean-Paul Paris remporte en 1964 le Maillot Vert des « 8 Jours J » – Une épreuve très relevée, de Rennes à Limoges, parrainée par « L’Economique » et « Europe n°1 »

Mais c’est la date du 17 juillet 1964 qui restera gravée à jamais. Champion de France…

A Allaire une grande effervescence règne alors; à La Pommeraie tout d’abord où la famille de Jean-Paul savoure ce nouvel exploit, le plus beau ; et dans tous les villages de la commune où la nouvelle se répand. Dès le lendemain matin, le boucher, Jean-Philippot, qui fait sa tournée en campagne annonce fièrement au Vieux-Moulin : « Allaire a un champion de France ! Jean-Paul Paris ! ».

Chez les Paris, la fin de la course s’apprécie aussi en famille – Au milieu Clément, père de Jean-Paul, si fier de son Champion de France, et la fratrie – A gauche, Annette – Photo prise à Sérent une semaine après le titre et avec une nouvelle victoire en prime.

Le Pays de Redon honore aussi son champion puisque Jean-Paul est un licencié, avec son ami Hubert Niel notamment, de la branche locale du VC Rennais. Une branche qui s’est bien épanouie sous la houlette du Président Jo Boudet (qui fondera ensuite le Redon Olympique Cycliste – ROC).

Jean-Paul Paris, Vainqueur à Béganne avec son complice et ami Hubert Niel (2ème) – 1963

Ce titre de Champion de France va marquer le tournant de la carrière de Jean-Paul puisque dès les semaines qui suivent il quitte son métier d’ajusteur et s’engage chez « Stella » puis « Peugeot – BP » dont il portera les couleurs durant deux ans avant de rejoindre Jean de Gribaldy, au sein de l’équipe « Frimatic – De Gribaldy ». Jean-Paul rêve alors d’un destin tel que celui de l’illustre breton Louison Bobet « Il était un routier régional modeste, comme nous, avant de devenir une vedette à force de courage et d’opiniâtreté. Et cet exemple est le plus bel encouragement que nous puissions avoir ». D’ailleurs il n’est pas seul à s’engager puisque son ami, Hubert Niel, passe aussi professionnel au même moment. Chez les professionnels Jean-Paul va connaître des fortunes diverses, tout comme Hubert. Au sein du peloton, il faut s’accrocher. En 1966 il court dans l’équipe d’Eddy Merckx et de Roger Pingeon.

En 1967, année où son leader, Roger Pingeon, gagne le Tour de France, Jean-Paul est classé dans les 10 meilleurs coureurs français ; en 1968 il est… remplaçant dans l’équipe qui disputera le Tour de France ; aux portes du bonheur total… Il aura aussi côtoyé, lors de courses mémorables, Anquetil et Poulidor. Quelle époque !

Le niveau est incontestablement plus relevé que chez les Indépendants ; Jean-Paul participe à de très belles courses, le plus souvent dans un rôle d’équipier : Paris-Roubaix, Tour des Flandres, Bordeaux-Paris, Paris-Nice, Midi Libre, Tour de Romandie, 4 Jours de Dunkerque, Paris-Tours, Gênes-Nice…et le Championnat de France des professionnels bien sûr (4 fois).  Son plus beau succès de ces années-là sera la victoire au Grand Prix de la Ville de Cannes le 19 février 1967.

Le milieu du peloton professionnel est impitoyable et il y a forcément une fin à l’aventure.

C’est par une simple carte postale, datée du 6 novembre 1969 et postée de Besançon (25), que Jean de Gribaldy (dit aussi « Le Vicomte » ou « Monsieur Jean »), personnage iconoclaste du monde du vélo, patron d’un groupe d’électro-ménager et de l’équipe cycliste qu’il a fondée, adresse à Jean-Paul Paris, en ces termes, son congé du peloton professionnel :

« Cher ami, J’essaie des jeunes en 1970. Je te conseille aussi de passer HC (NDLR – Hors Catégorie) la saison prochaine. Reçois, dans l’attente de te voir, mes salutations les meilleures. JGribaldy».

Jean-Paul poursuivra la compétition jusqu’en 1972 en Hors Catégorie.

Créateur d’une station-service et distributeur de fuel à Allaire, il a exercé, auprès d’Annette son épouse, une activité qui l’a installé au cœur du paysage économique local durant plusieurs décennies. Jean-Paul est décédé au début du mois d’août 2018 à l’âge de 76 ans. Il laisse aussi à Allaire la marque prégnante du sport cycliste qu’il a si bien su incarner jusqu’au plus haut niveau.

Groupe Patrimoine d’Allaire

Rédigé par Daniel d’après la documentation fournie par Annette